Un stage avec un vrai projet post

Mar 16 2015 - Savoir vivre de dev

J’entends toujours dire que les professeurs d’université demandent à leurs étudiants de trouver des stages proposant des « vrais projets de fond avec une vision globale » plutôt que des stages au cours desquels « ils vont remplir tout un tas de petites tâches ingrates ». L’idée est de savoir ce que l’élève va faire à l’avance afin de s’assurer qu’il ne va pas préparer le café. L’intention est bonne, mais je trouve qu’elle est inutile et qu’elle produit des effets pervers.

J’ai été témoin d’élèves participants à des stages portant sur un gros « projet de A à Z » bien défini (validés les yeux fermés par les professeurs), mais d’un intérêt qui me semble assez limité : de la saisie de documents HTML à la main, sur des centaines de pages, pendant 2 mois. Je ne me souviens plus du but final, juste du fait qu’il y avait assez de contraintes à la con pour empêcher une quelconque automatisation. Bref, un stage rentrant dans les critères de l’école, mais chiant comme la mort.

Ensuite, des professeurs prendraient (et même prennent) peur à l’écoute de ce que les boites que j’ai fréquentées proposent comme stage : intégration totale au sein d’une équipe travaillant sur l’évolution et la maintenance de plusieurs projets en parallèle. On gère des boulettes, on passe sans-cesse d’un projet à l’autre, on se tape du code legacy tout pourri. On a parfois l’impression de faire plus de l’exploitation que du développement.

Je trouve ça tripant comme sujet de stage, une immersion complète dans ce que va vraiment être la vie de grand(e). Mais cela ne rentre clairement pas dans la vision des professeurs que j’ai pu croiser. J’ai aussi fait face à des stagiaires me demandant de les rassurer/de les aider à pipeauter leurs profs pour leur montrer que ce que l’on fait est sérieux et intéressant.

Pour ma part, je regrette un poil d’avoir trop écouté les conseils de mes écoles, et d’avoir privilégié des stages avec des projets « de A à Z ». J’ai certes beaucoup appris de choses à plein de niveaux, mais il y a une chose que je n’ai pas connue avant un long moment : le fait de plonger pendant des heures dans du code existant dégueulasse pour le comprendre et le debugger. Du coup, quand j’ai du m’y confronter pour la première fois à la sortie de l’école, j’ai eu l’impression de me faire dépuceler dans une partouze. Ça fait partie du métier, il faut que les étudiants apprennent à se jeter dedans, et apprennent à arrêter de dire qu’il faut tout réécrire.

En bref, je comprends l’inquiétude des professeurs sur ce sujet, mais je trouve que les conseils données aux étudiants ne sont pas appropriés, trop éloignés de la réalité.

Plutôt que se focaliser sur les projets, il faudrait se focaliser sur l’équipe : le stagiaire sera-t-il intégré au sein d’une équipe de salariés ? Le principal est qu’il ne soit pas seul, ou bien dans une équipe de stagiaires…

Ce billet n’est basé sur aucun chiffre : je ne sors tout ça que de mes observations personnelles, peut-être qu’il ne s’agit que d’un phénomène à la marge.

Flux Atom

C'est par là