Petit article sur deux choses que j’aime, mais dont je n’aime pas le mélange. Comme Liam Neeson et les films d’action.

Les 6 chapeaux

Plein d'articles expliquent déjà ce que c’est. Je ne vais pas dupliquer ça ici. Je trouve juste un peu dommage que ces articles se bornent à l’énumération des chapeaux sans parler un minimum de comment les agencer.

Version courte de l’explication : le but est de faire regarder dans la même direction les membres d’une réunion afin de faire avancer efficacement la discussion. Typiquement, tout le monde va énumérer les attraits d’une idée pendant quelques minutes, puis l’animateur va ensuite demander de lister tous les points négatifs. La méthode prévoit aussi des temps pour :

• énumérer les faits indiscutables
• permettre à chacun de partager son ressenti émotionnel
• proposer des idées innovantes

L’ordre des étapes est fixé à l’avance par l’animateur, il dépend du sujet, de l’ambiance générale, etc.

Je trouve ça très cool. Cela force chacun a adopter toutes les attitudes possibles par rapport à une problématique, au lieu de s’enfermer dans une posture particulière (réfractaire catégorique, enthousiaste démesuré…).

La rétrospective

Le but de la rétrospective est de s’améliorer. Comprendre « améliorer le fonctionnement de l’équipe ». Une des principales difficultés que je rencontre lorsque j’anime des rétrospectives, c’est d’éviter de les transformer en séances « défouloir ». Il est facile (et humain) de se plaindre des perturbations extérieures qui nous ralentissent/frustrent. Il est plus difficile de réfléchir à nos propres actions et erreurs.

La rétrospective à l’aide des 6 chapeaux

J’ai fait l’expérience sur deux rétrospectives. Le premier effet est positif : ça a le mérite de faire varier le format, de sortir les participants de leur zone de confort et de forcer la réflexion. Aussi, le chapeau rouge (l’émotion) permet à chacun de vider son sac, d’être impertinent, de crier un bon coup. Plutôt que de chercher à empêcher l’effet défouloir de la réunion, on lui alloue quelques minutes afin que tout le monde se lâche pendant une durée limitée.

Mais passé le premier effet Kiss Cool, je suis dubitatif sur l’intérêt de l’usage des 6 chapeaux au sens strict lors de la rétrospective.

Les 6 chapeaux sont faits pour traiter une problématique particulière, à laquelle on doit idéalement répondre « oui » ou « non ». Exemples :

• doit-on lancer notre produit dans tel pays ?
• doit-on dépenser du temps de développement pour rembourser cette dette technique ?
• doit-on filer un coup de pied au cul du chat lorsqu’il ramène une souris décapitée sur le lit ?

On peut aussi envisager d’utiliser la méthode pour comparer deux solutions. Exemple :

doit-on s’orienter vers le marché du low-cost ou plutôt vers du haut de gamme ? pour ce projet, allons nous stocker les données dans une base relationnelle ou bien schema-less ? je mouille ma brosse-à-dents avant ou après avoir versé le dentifrice ? Mais lors de la rétrospective, des dizaines de sujets peuvent être abordés. Ainsi, nous regardons tous notre sprint dans la même direction à la fois, mais en partant dans tous les sens quand même. Exemple avec le chapeau noir : « maintenant, dites tout ce qui n’a pas marché lors du sprint ! ». Chaque participant raconte les problèmes qu’il a rencontrés, on compile un gloubiboulga d’éléments négatifs, et puis c’est tout. Idéalement, il faudrait faire un cycle des 6 chapeaux sur chacune des problématiques, mais on n’a pas la semaine.

Quand vient le chapeau vert (« donnez des idées ! »), c’est un peu la panne d’inspiration, vu que rien de particulier ne s’est détaché lors des échanges précédents.

Lors de mes tests, peut-être qu’une meilleure animation de la réunion de ma part aurait permis une meilleure structuration de la pensée d’équipe. Mais je reste convaincu qu’on tord la méthode et qu’on l’utilise au mauvais endroit.

Je préfère une approche par sujets, en les regroupant, et en ne traitant que les sujets fédérateurs. Je ferai un article sur ma méthode favorite.

Voilà, j’ai écrit un article à dominante négative sur deux choses que j’aime. Ça, c’est fait.

Je vais quand même finir sur un point positif : après avoir passé plusieurs rétrospectives très normées au niveau de l’expression des avis et des échanges (faudra vraiment que je fasse un article sur ça), le fait d’avoir un format plus libre dans lequel chacun peut s’exprimer librement tant qu’il respecte le chapeau en cours a eu un effet positif, libérateur. De plus, cela a permis de « former » l’équipe aux 6 chapeaux, en vue d’une potentielle réutilisation future dans d’autres réunions. Toujours au niveau de l’apprentissage, on commence déjà à mettre des couleurs sur ce que l’ont dit au quotidien, cela enrichit les échanges.