Retours sur le Mix-It 2016 post

Apr 27 2016 - Dev, Agile, Savoir vivre de dev

Voici les choses que je retiens de l'édition 2016 du Mix-It. Deuxième fois que je vais à cette conférence, deuxième fois que je trouve ça globalement excellent.

Attention : ce compte-rendu est basé sur mes notes écrites avec des mains carrées, et agrémentées de mes propres réflexions. Le résultat ne reflète pas forcément ce qu'on dit les speakers à 100% mais plutôt comment moi je l'ai perçu et ce que j'en pense.

Xanpan

Par Allan KELLY - Page du talk

Mon "coup de coeur" des deux jours. L'idée principale, que je trouve évidente mais qu'il fait du bien d'entendre : chaque équipe doit "créer" sa propre méthodologie de travail. Le speaker donne l'exemple avec sa méthode qu'il présente comme un mélange de Kanban et d'XP.

Avant tout, j'applaudis la forme : Allan Kelly est énergique, drôle et probablement fou. Malgré le très fort accent anglais qui est un peu dur à assimiler les 5 premières minutes, j'ai été fasciné par sa diction et sa gestuelle.

La présentation passe en revue beaucoup de concepts. Je retiens surtout quelque chose que je vivais mais que j'avais du mal à expliquer avec des mots : travailler en sprints, c'est bien. Le sprint impose de mettre des deadlines, et les humains sont bons pour respecter les deadlines (on rate rarement un avion), alors qu'ils sont nuls pour estimer le temps nécessaire pour réaliser une tâche. Le fait d'avoir des deadlines force la créativité, l'optimisation, et cela nous pousse à nous concentrer sur notre objectif sans nous éparpiller.

Attention cependant à ne pas tomber dans le piège de la mise sous pression de l'équipe : en début de sprint, l'équipe donne une prévision de ce qui sera livré à la fin, et non plus un engagement, comme c'était écrit il y a quelques années dans la littérature Agile. Ceci afin de faire comprendre qu'il n'est pas grave que tout ne soit pas fini à la fin du sprint. Autrement, cela pourrait jouer négativement sur la qualité du code fourni par l'équipe.

Autre idée dont j'étais incertain mais que le speaker a réussi à me vendre : lorsqu'on arrive en fin de sprint, qu'on finit un peu trop tôt et qu'on n'a plus rien à faire, on ne réfléchit pas et on entame la prochaine story du backlog, peu importe qu'elle soit trop grosse et qu'elle ne soit pas finie sur le sprint courant. On ne va pas se prendre la tête à fouiller le fond du backlog pour trouver la petite story de 2 jours dont on n'a rien à faire mais qui rentre parfaitement dans le temps restant.

Le but de tout ceci est d'avoir un bon rythme de développement : on parle de faire une course de fond, sur un rythme constant et serein, plutôt que de faire une successions de... sprints. Merde, quel mot mal choisi.

Allan a raconté un workshop qu'il a animé auparavant. Il a donné le même besoin fonctionnel à deux équipes dans la salle : "je veux un site web qui me permet de vendre des trucs en ligne". A l'équipe 1, il a donné un budget serré et 2 semaines. A l'équipe 2, il n'a donné aucune contrainte (ou alors un très gros budget et une deadline lointaine, je ne sais plus trop). Après réflexion L'équipe 1 a livré son plan d'action : installer un Magento rapidement, et faire quelques ajustements pour obtenir un MVP. Simple, rapide, efficace. L'équipe 2 s'est empêtrée dans la création d'une usine à gaz et en estimant le budget nécessaire à des sommes astronomiques.

Autres sujets abordés qui m'ont tapé dans l'oeil :

  • ça fait du bien d'entendre que le TDD c'est génial, à l'heure ou tout le monde a l'air de s'en foutre ;
  • "faites les choses plutôt que d'en parler pendant des heures" ;
  • il faut coder petit ;

Lorsque le speaker a demandé à ce que ceux qui font de l'intégration continue lèvent la main, j'ai été surpris par le faible nombre de gens qui se sont exécutés.

Passer de processus agiles "à la papa", à des équipes dynamiques et impliquées

Par 4 speakers de chez Stormshield

Un bon exemple d'équipe qui a "créé" sa propre méthodologie à partir des pratiques agiles. Et surtout qui l'a adaptée au fur et à mesure.

Crash Fast & Furious

Par Pierre-Yves RICAU - Page du talk - Slides

Avec un tel titre cinéphile plein de sensibilité, je ne pouvais pas rater cette conférence. Mais c'est surtout la philosophie du truc qui m'a attiré : le speaker adore quand ça crashe. Je partage cette excitation. Un bon gros bug bien imbitable qui pète notre produit, j'adore intervenir dessus. Pour deux raisons :

  • je trouve ça ludique et marrant ;
  • personne d'autre ne trouve ça ludique et marrant.

Quand j'arrive dans une équipe, je cherche à occuper la place qui n'est pas prise, pour la compléter efficacement. Généralement, il y a toujours de la place libre pour mettre les mains dans le caca en quête d'un bug.

Le talk parlait surtout de développement sur mobile, ce qui n'est pas du tout mon domaine, mais ça m'a quand même énormément interessé. C'est assez rigolo de voir les problématiques qu'on a côté client et qu'on n'a pas du tout côté serveur.

L'ergonomie Web

Par Florie Séchaud - Page du talk - Slides

Je n'ai pas assisté au talk mais à ses répétitions dans la boite qu'on partage avec bonheur infini coeur coeur coeur. Ce que j'aime dans cette présentation, c'est qu'elle montre des concepts évidents, à la limite du simpliste... mais qu'on oublie trop souvent de respecter. Quand je suis retourné voir la tête d'un projet perso sur lequel je bosse après avoir entendu ce talk, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.

La petite astuce utile que j'ai apprise : passer son site en noir et blanc pour vérifier qu'il est toujours lisible permet de s'assurer qu'on a assez contrasté nos couleurs.

Du produit au business model, en passant par le pivot

Par Alexis JAMET - Page du talk

Un retour d'expérience assez passionant, plein de franchise, sur la société Bunkr. Comment on monte une boite en ayant "une idée de produit qui tue", sans pour autant avoir de business model. La façon de faire rentrer de l'argent arrive plusieurs mois plus tard, et en gardant le même produit, la société change pourtant de métier.

Le speaker avoue même que ce changement a fait fuir des développeurs. J'imagine bien leur frustration : leur produit est passé d'une offre SAAS ouverte au plus grand nombre à une solution plus spécifique directement vendue à des grands comptes probablement bien relous.

Même si j'imagine que la réalité est encore moins rose, je trouve ça courageux et fort d'en parler aussi ouvertement en public. Et puis ça montre qu'à un moment, il faut bien faire des sacrifices sur notre vision idéaliste pour faire du pognon, un peu.

Dev2Maker

Par Damien CAVAILLÈS - Page du talk

Le talk consistait à parler du "mouvement des makers". Chose dont j'ignorais l'existence. Et au final, je crois que je ne sais toujours pas ce que c'est vraiment. Si ce n'est que ça prend la forme d'atelier ou d'événements permettant à des gens de se rassembler pour bricoler des trucs, faire des machins, expérimenter des choses.

Mais le speaker, qui avait l'air d'être le gars le plus gentil du monde, était très enjoué et a réussi à nous intéresser en nous donnant plein d'exemples : la mère de famille qui imprime des couvercles à cupcakes, les doux fous qui font des bricolages farfelus, les malades qui élaborent des montages électriques qui sentent bon le danger de mort... Il y a un côté "à l'arache" très réjouissant. Ca donne vraiment envie d'en savoir plus.

Pédagogie et agilité

Par Christian DEN HARTIGH - Page du talk

Lui aussi il est fou. Un professeur de français qui s'est interessé aux sciences sur le tard, frustré par le fait que son cursus scolaire l'ait mis dans la case "littéraire". Il nous a expliqué comment il gérait ses cours, à grand coup de métaphores scientifiques délirantes.

Le professeur utilise les méthodes agiles pour guider ses élèves et décrit cela dans sa présentation. Elément important : il officie dans des quartiers difficiles, avec des élèves qui n'ont aucune envie de venir en cours. On sent que toute sa méthodologie mise en place tourne autour de cette forte contrainte. Il l'a adaptée à son "équipe".

Je retiens surtout un exemple d'exercice génial (en tout cas très drôle) pour essayer de sensibiliser les jeunes à l'orthographe/grammaire, en jouant avec leur fierté : il leur donne un texte à trous dans lequel il faut placer les fins des mots en "er" ou "é" (c'était pas exactement ça mais c'était l'idée). Mais il donne cet exercice en deux exemplaires. Chaque élève résout l'exercice une première fois en donnant les réponses auxquelles il pense. Puis il résout l'exercice une seconde fois mais en répondant au hasard, grâce à un dé qu'il tire. Résultat : les dés ont souvent tendance à obtenir une meilleure note que l'élève.

A la fin du talk, tout autour de moi, on était unanime : "j'aurais adoré avoir un prof pareil".

Silver Bullet Syndrome

Par Hadi HARIRI - Page du talk

La quintescence du talk trollesque. 30 minutes à nous faire un historique des différentes technos/pratiques à la mode des dernières années, comment on les a encensées pour au final les descendre en flêche et passer à la prochaine techno à la mode. Très drôle.

Simplicité par défaut

Par David LARLET - Page du talk

Au final, ce n'était pas ce à quoi je m'attendais. Je m'attendais à ce que ça parle surtout de la simplicité au niveau fonctionnel, à grand coup de KISS et de YAGNI. Mais en fait, le sujet, c'était surtout les dépendances de nos projets. En gros, l'idée, c'était "parfois, plutôt que de rajouter une énorme dépendance à notre projet, il peut être intéressant de coder nous même la micro fonctionnalité qu'on veut utiliser".

je suis moi-même pas vraiment d'accord avec cette vision. J'ai tendance à beaucoup me reposer sur les dépendances, quitte à y participer et à supporter le poids de leurs dizains de Mo qui ne m'importe guère (ce qui est certes moins vrai lorsqu'on travaille côté client).

Un truc intéressant : recoder "pour le fun" une feature d'un framework que l'on utilise beaucoup, ça permet de comprendre comment elle marche, et de savoir vraiment ce que l'on utilise.

Sujet à débat donc : le talk s'est suivi d'une assez longue discussion avec l'auditoire. C'était intéressant.

Comment recruter des femmes dans votre entreprise

Par Angélique HENRY, Claire VILLARD, Marion FELIX - Page du talk - Slides

Un peu de pinaillage sur ce super talk : il devrait plutôt s'appeler "Comment éviter de faire fuire les femmes de votre entreprise".

Les trois speakeuses ont eu le courage de rejouer devant nous des scènes de la vie quotidienne d'une femme développeuse au sein d'une société. C'est un peu drôle, beaucoup flippant.

J'apprécie surtout le ton employé : pas mal d'humour, beaucoup de sourire. Il y a un certain féminisme qui lutte de manière agressive contre la toute-puissance (avérée) du mâle blanc hétéro cis-genre. Vu que je suis pile dans cette case, j'ai tendance à me braquer face à ce genre de discours, me sentant stigmatisé (vous me direz, pour une fois que ça m'arrive à moi...). Surtout quand je me rends compte qu'il faut choisir chaque mot, chaque ponctuation très précisément, sous peine de choquer des personnes cherchant toujours la pire interprétation possible d'une déclaration. Là, les 3 speakeuses qui ont la banane en démontant joyeusement les clichés qu'elles subissent et qui glissent en toute jovialité des tâcles à la gorge des préjugés, je trouve ça très très efficace sur des gens comme moi. Pragmatique.

Bonne idée de mettre ce talk dans la série de talks "random", qui consiste à ne pas savoir à quoi on va assister. Sinon, j'ai peur que ce genre de talk n'attirerait que les gens déjà sensibilisés à la cause.

Recette pour parvenir à donner une conférence sur les embryons de manchot à Mix-IT

Par Marie MANCEAU - Page du talk

Rien à voir avec l'informatique : tous les ans, on a droit à une conférence de ce genre. Et c'est très énervant, car maintenant, j'ai une furieuse envie de partir en vacances en Antarctique. Ca a l'air magnifique.

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