Adapté au cinéma : I Am Legend post

May 31 2016 - Cinéma, Adapté au cinéma

Synopsis

Un virus a transformé tout le monde sur terre en sorte de zombies/vampires très méchants. Un seul homme, Robert Neville, naturellement immunisé, reste dans son état initial.

Comparatif en court et sans spoiler

Le livre et le film n'ont pas grand chose à voir. Dans sa version sortie au cinéma, le film finit de manière totalement débile. Mais il existe une fin alternative (censée être la fin originale, recalée au montage) qui conclut sur la même idée que le livre et qui est très satisfaisante. Ça en fait un très bon film à mon goût, même s'il n'est pas fidèle au matériau de base.

En détails et avec spoilers

Le seul point commun entre le film et le livre, ce sont leurs situations de départ : un pauvre mec se retrouve seul à ne pas être infecté par un virus qui rend pas très beau. Il se barriquade toutes les nuits dans sa maison. Dans le film, les infectés sont devenus des sortes de bêtes sales et débiles. Dans le livre, c'est plus compliqué : il s'agit quasiment de vampires. Ils partent donc un peu en vrac, mais ils ressemblent quand même à quelque chose. De plus, il existe aussi des infectés morts-vivants : le virus réanime les morts. Mais eux pour le coup, ils ont vraiment une sale dégaine.

Ainsi, dans la nouvelle de Richard Matheson, le personnage principal se balade dans la journée pendant que les vampires dorment, et les empale joyeusement dans leur sommeil. A la fin, le héros est capturé par les vampires et attend son exécution. Il se rend alors compte qu'une nouvelle société de vampires s'est peu à peu mise en place, et que le monstre, en fait, c'est lui. Il est le dernier représentant d'une ancienne civilisation, tueur furtif qui assassine tous ces gens et les terrorise. Il devient une légende, dans le sens péjoratif du terme.

Le film est censé respecter cette idée à la base : la fin originale montre Neville assailli, retranché dans son laboratoire. Dans un éclair de lucidité, il se rend compte que les infectés sont juste venus chercher la femme qu'il a capturée et sur laquelle il fait des expérimentations pour trouver un remède. Il la libère, et s'effondre sous le poids de la culpabilité en revoyant toutes les photos des sujets sur lesquels il a fait des tests cliniques plutôt moches. Ce qui se passe n'a rien à voir avec le livre, mais le message final est le même, et je trouve ça super cool.

Lors des projections test, cette fin n'a pas plu. Probablement car les gens sont cons. Du coup, la fin a été changée : plutôt que d'avoir son éclair de génie, Neville préfère découpiller une grenade et aller se faire péter au milieu des infectés. Génial. Et la voix off d'un personnage secondaire à la con conclut le film en disant que Neville est une légende car il a trouvé le remède au virus. L'exact inverse du bouquin.

Le plus ironique et révélateur dans tout ça : les spectateurs des projections tests estiment que faire exploser des inconnus en mode kamikaze est une fin plus acceptable que d'admettre ses erreurs et trouver une issue pacifique.

Je passe sur un détail puant du film, dans les deux versions : il y a une sorte d'intervention divine via sa petite fille qui lui souffle une phrase en apparence anodine avant de mourir. Cette phrase lui reviendra dans la face à un moment crucial du film. Dans la fin originale, elle lui permet de comprendre l'importance de la femme sur laquelle il fait des expérimentations. Dans la fin cinéma, elle lui permet de... euh... dégoupiller une grenade.

En vrac

  • Le chien : dans le film, c'est le compagnon du héros. Il a un vrai rôle quasiment tout au long du film, jusqu'à ce qu'il soit infecté et tué par son maître. Dans le livre, le héros est seul. Il recueille un chien mal en point au milieu du livre, et après plusieurs pages à nous raconter comment il le soigne, on nous annonce que le chien meurt quelques jours plus tard. Deux façons différentes de raconter la même histoire. En tout cas, au niveau émotion, ça marche très bien dans le film.
  • Dans le film, Neville est un scientifique noir et chauve. Dans le livre, Neville travaille à l'usine, et il est blanc avec une grosse tignasse blonde. La différence de profil professionnel est intéressante : le gros délire du livre, c'est d'expliquer scientifiquement comment marchent les vampires. Neville se met à la science par ses propres moyens, et arrive peu à peu à comprendre de manière rationnelle pourquoi les infectés/vampires craignent les pieux en bois, les miroirs, etc. C'est passionant à lire, mais visiblement c'était trop chiant pour un film à gros budget. Du coup, le chimiste en herbe est remplacé par un master de l'éprouvette : plus besoin de le montrer en train de se documenter/apprendre/chercher, il sait déjà tout. Autre détail rigolo : le Neville du livre cherche les meilleurs moyens de tuer les vampires. Celui du film cherche à les guérir.
  • Dans le film, la famille de Nevile meurt dans un crash d'hélico. On va dire que c'est net, rapide et propre. Dans le livre, c'est beaucoup plus trash : elles meurent toutes les deux à cause du virus, et sa femme revient sous la forme d'un vampire mort qui essaie de le buter.
  • Le livre est globalement plus malsain que le film, ce qui le rendait de toute façon inadaptable avec un gros budget. Par exemple, les vampires viennent chaque nuit harceler Neville aux portes de sa maison. Des femmes tentent de l'attirer en montrant leurs organes génitaux.
  • Dans le livre, Neville rencontre une femme d'apparence normale mais qui s'avérera être une vampire, "infiltrée" auprès de lui pour le piéger. Dans le film, il rencontre une vraie humaine accompagnée de son fils à la seconde moitié du film. Rien à voir avec le livre. Mais contrairement à l'adaptation du personnage du chien, on perd en qualité ici. Le film devient moins intéressant à partir de l'apparition de ces personnages un peu foireux et un peu trop illuminés par Dieu.

Conclusion

Livre génial, et film super cool dans sa version "originale", malgré une seconde moitié moins bonne que la première. Je recommande de se taper les deux, ça vaut le coup. Et le film est très intéressant à voir pour se rendre compte de tout le travail d'adaptation, même quand le résultat final n'a pas grand chose à voir avec l'histoire originale.

Bonus Track

En cherchant l'image de l'article, je suis tombé sur une drôle de série de photos : des gens s'amusent à imiter ce plan du film avec leur propre chien et leur propre arme. C'est beau, poétique et classe, je vous laisse savourer ça ici. Je vous conseille aussi de cliquer sur les images pour arriver généralement sur des forums sur les armes à feu, c'est grandiose.

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